Les constructeurs japonais avaient mis un genou à terre à la suite du tremblement de terre et du tsunami du 11 mars dernier. Importants dégâts dans les usines, rupture de la chaine des sous-traitants, problèmes énergétiques, les premières prévisions étaient pessimistes et l’année 2011 promettait d’être longue et difficile. Les Japonais qui se tiennent les coudes ont relevé leurs manches et fait beaucoup de travail en quelques mois seulement Toyota vient d’annoncer que ses usines japonaises tournent désormais à et prévoie l’embauche de 3 à 4000 temporaires pour combler le temps perdu. La plupart des constructeurs du pays du soleil levant vont aussi reprendre sous peu un rythme de travail à peu près normal. Mais la situation globale de l’industrie automobile Japonaise est hélas beaucoup plus complexe que ce qu’elle veut bien montrer. Au-delà des catastrophes naturelles, le Japon traverse des heures difficiles dans l’industrie automobile et il faudra que le pays, via les organisations gouvernementales et les constructeurs prennent des décisions difficiles dans les mois à venir. La très forte compétition, la force de travail et la valeur élevée du Yen sont en train de miner l’industrie automobile Japonaise.
Les six barrières au développement
Les Japonais ont baptisé l’expression Rokujyuku qui se traduit librement par les six obstacles à l’expansion du commerce automobile Japonais. En tête de liste, la force du Yen qui ralentit sérieusement la reprise économique japonaise. Avec l’appréciation du yen, c’est tous les secteurs à l’exportation qui vont en pâtir, car les produits d’exportations japonais sont plus chers et moins compétitifs sur les marchés internationaux et le volume d’exportation diminue. Le taux de taxation des corporations Japonaises est très élevé et gruge sérieusement dans les profits. Les sociétés payent 30% de taxes sur les bénéfices et un taux d’imposition de base de 41 % (46% dans la région de Tokyo). Depuis le 11 mars dernier, l’électricité n’est plus disponible 24 heures par jour et la population comme les industries doivent faire face à une rationalisation de l’énergie, une bien mauvaise affaire pour les constructeurs automobiles qui veulent fonctionner à plein régime.
Entente bilatérale
Contrairement à son voisin Coréen, le Japon ne profite d’aucun programme de libre échange commercial avec l’Amérique du Nord et l’Europe, ce qui place le Japon dans une situation délicate et précaire. Il faut aussi parler de l’inflexibilité du marché de l’emploi. Les Japonais ont toujours eu la sécurité d’emploi et des salaires élevés. Dans un contexte où il faudrait mettre à pied des milliers de travailleurs et revoir les conventions de travail, le Japon n’osent pas changé les traditions et doit supporter une charge de travailleurs qui ne reflètent plus la réalité du marché. Finalement il ne faut pas oublier le but que s’est fixé le gouvernement Japonais de diminuer de 20% les émissions de dioxyde de carbone d’ici 2020. Cette mesure oblige les constructeurs automobiles japonais à investir massivement de l’argent qu’ils n’ont pas pour rencontrer ces nouvelles normes.
Comme vous pouvez le constatez, l’industrie automobile japonaise rame à contre-courant. Il ne faut pas s’étonner de voir quelques «rameurs» qui commencent à s’essouffler. Inutile de vous dire que la résurrection de Ford, GM et Chrysler et la montée en flèche de Kia et Hyundai a aussi contribué à mettre du plomb dans l’aile de l’industrie automobile Japonaise. Avec la Corée qui vient se signer une entente de libre échange avec l’union Européenne, les choses vont encore être un peu plus difficile pour le Japon. Alors que le gouvernement Japonais vient d’élire un sixième premier ministre en cinq ans, il faut se poser la question suivante. Est-ce que le pays qui prône la tradition et le conservatisme aura l’audace de faire des réformes en profondeur pour sortir le pays de sa torpeur. Il semble que le remède prescrit est sévère, mais la décision appartient aux dirigeants du pays qui doivent venir en aide à l’industrie automobile.